À la Belle Époque, Rouen connaît une période de dynamisme économique et culturel grâce à sa position stratégique sur la Seine et son rôle de hub ferroviaire. La ville devient un passage incontournable pour les échanges entre Paris, les côtes normandes et l’Angleterre. Simultanément l’affiche, à la faveur de nouveaux procédés d’impression, connaît son âge d’or.
L’âge d’or de l’affiche en France, qui s’étend de la fin du XIXe siècle au début du XXe, est indissociable des avancées techniques en matière d’impression. C’est l’époque où l’affiche quitte sa simple fonction publicitaire pour devenir un véritable art de rue. Des figures comme Jules Chéret, Henri de Toulouse-Lautrec ou Alphonse Mucha façonnent cette révolution visuelle, rendue possible par des procédés d’impression alors innovants.
Le procédé clé de cette période est la lithographie. Inventée à la fin du XVIIIe siècle par l’Allemand Alois Senefelder, elle permet de reproduire des images à grande échelle, avec une précision inédite. Mais c’est Jules Chéret, dans les années 1860, qui fait entrer la lithographie dans une nouvelle ère en maîtrisant l’impression en couleur. À l’appui d’une technique de superposition des couleurs, il donne naissance à des affiches lumineuses et expressives, souvent dominées par des figures féminines légères et joyeuses. La lithographie en couleurs utilise une pierre pour chaque teinte, permettant des transitions subtiles et des contrastes vifs.
Parallèlement, la chromolithographie connaît son apogée. Ce procédé perfectionné permet de produire des affiches avec une palette plus large et des détails plus fins, grâce à une multitude de pierres lithographiques, chaque pierre étant dédiée à une seule couleur. Cela permet aux artistes de créer des affiches particulièrement sophistiquées. Toulouse-Lautrec, par exemple, utilise cette technique pour ses célèbres affiches du Moulin Rouge, où il combine des aplats de couleurs et des lignes simples pour capturer l’énergie de la vie nocturne parisienne.
L’arrivée de la lithographie et de la chromolithographie fait de l’affiche un support de création artistique autant qu’un outil publicitaire. Les rues parisiennes, tout comme les rues rouennaises, deviennent des espaces d’exposition où les affiches rivalisent d’audace et d’originalité. Des affichistes comme Alphonse Mucha, avec ses compositions Art nouveau pleines de courbes et de détails floraux, apportent une dimension décorative à ce qui n’était jusqu’alors qu’un outil de communication.
Ce tournant technique a également permis à l’affiche de devenir accessible à tous, tout en restant une œuvre d’art. À une époque où la consommation de masse explose, l’affiche s’impose comme un objet de fascination, à la croisée du commerce et de la culture. Grâce aux progrès de l’impression, l’affiche atteint une popularité jamais vue, jusqu’à la Première Guerre mondiale, qui met un coup d’arrêt à cet âge d’or, en réorientant son usage vers la propagande.Ainsi, l’alliance entre l’innovation technique et la créativité artistique a fait des années 1880-1914 un moment charnière pour l’affiche, transformant durablement le paysage visuel français.
Entre 1895 et 1900, Rouen s’impose comme un carrefour incontournable pour les échanges entre Paris, les côtes normandes et l’Angleterre. Grâce à sa position stratégique sur la Seine et au développement du chemin de fer, la ville devient un point de passage obligé pour les voyageurs et les marchandises.
À la Belle Époque, Rouen est à la croisée des chemins. Reliée à la capitale par une ligne de chemin de fer rapide, la ville normande voit transiter chaque jour des milliers de voyageurs se rendant sur les côtes normandes ou embarquant pour l’Angleterre depuis les ports de Dieppe et du Havre. Les Parisiens, attirés par les stations balnéaires comme Deauville ou Trouville, passent souvent par Rouen, que ce soit en train ou en bateau à vapeur.
La Seine, artère commerciale majeure, permet à Rouen de jouer un rôle clé dans le transport fluvial. Les bateaux à vapeur relient directement Paris à Rouen, avant de poursuivre vers les ports de la Manche. En parallèle, la ligne ferroviaire entre Paris et Rouen, prolongée vers Le Havre et Dieppe, fait de la ville un hub incontournable. De là, les ferrys transportent voyageurs et marchandises vers l’Angleterre, notamment via Newhaven et Southampton.
Ainsi, entre 1895 et 1900, Rouen est bien plus qu’une simple étape : elle est une véritable plaque tournante des échanges entre la France et l’Angleterre, au cœur des flux économiques et touristiques de la Belle Époque.
GSN