La fabrication de papier d’imprimerie est un équilibre délicat entre innovation industrielle et défis environnementaux. Gestion durable des forêts, procédés optimisés, certifications écoresponsables et recyclage… la progression de ces filières dans la transition écologique est indéniable.

La fabrication du papier graphique, qu’il s’agisse de papier journal, de papiers non couchés fabriqués mécaniquement, de papiers non couchés sans bois ou de papiers couchés, repose sur des essences de bois soigneusement sélectionnées en fonction de leurs propriétés physiques et de leur adéquation aux différents types de papier. Deux grandes catégories d’essences dominent dans ce domaine : les bois résineux et les bois feuillus.
Les bois résineux, comme le pin, le sapin et l’épicéa, sont particulièrement prisés pour leurs fibres longues, qui offrent au papier une résistance mécanique élevée. Ces fibres sont idéales pour des produits robustes tels que le papier journal ou le carton. Leur structure se prête également à la production de pâte mécanique, souvent utilisée pour des papiers à durée de vie plus courte. Les bois feuillus, tels que le bouleau, le peuplier et l’eucalyptus, se distinguent par leurs fibres plus courtes. Ces dernières sont essentielles pour les papiers d’écriture et d’impression haut de gamme, où une surface lisse et une bonne qualité de texture sont primordiales. L’eucalyptus, en particulier, est de plus en plus exploité grâce à sa croissance rapide et sa capacité à produire une pâte chimique de qualité supérieure.

La fabrication de la pâte à papier réduit son empreinte environnementale

Les processus de fabrication de la pâte à papier comportent des impacts environnementaux significatifs, liés aux produits et procédés employés. La pâte mécanique, obtenue par broyage du bois, est énergivore. Bien qu’elle ne nécessite pas de produits chimiques majeurs, elle conserve la lignine (polymère végétal qui rigidifie les parois cellulaires), ce qui limite sa durabilité et sa réutilisation dans le cycle de vie du papier.
En revanche, la pâte chimique, notamment produite par le procédé kraft, emploie des substances comme la soude caustique et le sulfure de sodium. Si ces agents permettent d’obtenir des fibres plus résistantes et de meilleure qualité, leur usage génère des effluents contenant des composés organiques et chimiques. Cependant, ce procédé est souvent couplé à des systèmes modernes de récupération des produits chimiques et de traitement des effluents, réduisant considérablement son empreinte environnementale.

Rame de papier FSC en stock de l'Imprimerie Vallée
Une rame de papier offset Certifié FSC, EcoLabel Européen et ISO 14001. Un papier utilisé fréquemment pour nos clients.

Le blanchiment des fibres, essentiel pour obtenir un papier blanc, a également évolué. L’utilisation de chlore élémentaire, autrefois standard, a été largement remplacée par des technologies moins polluantes, comme le blanchiment sans chlore élémentaire (ECF) utilisant du dioxyde de chlore, ou totalement sans chlore (TCF), reposant sur le peroxyde d’hydrogène ou l’ozone. Ces alternatives réduisent la formation de composés organochlorés, nocifs pour l’environnement aquatique.
Enfin, l’ajout d’additifs tels que le talc ou le carbonate de calcium a un impact relativement faible, mais leur extraction et transport contribuent indirectement aux émissions de carbone. Les efforts récents dans l’industrie papetière se concentrent sur une optimisation des processus et une réduction de l’empreinte environnementale globale, notamment grâce à des certifications environnementales et des normes strictes.

Des critères globaux plus stricts sur le plan écologique, social et économique

En Europe, la fabrication de papier d’imprimerie s’appuie largement sur du bois issu de forêts gérées durablement. Les certifications FSC (Forest Stewardship Council) et PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification) garantissent le respect de normes strictes en matière de durabilité, couvrant respectivement 71 % du bois et 83 % de la pâte utilisés par les papeteries européennes. Les principaux pays fournisseurs, notamment ceux des régions nordiques, ainsi que l’Allemagne et la France, se distinguent par leurs pratiques forestières responsables et leur contribution à l’économie circulaire.

Une marque de papier certifié PEFC, en stock, dans notre atelier.
Certification de bonne gestion des forêts (PEFC) sur un papier couché moderne, en stock dans notre atelier.

Les certifications FSC et PEFC incarnent deux approches complémentaires pour assurer la durabilité des pratiques forestières. Le FSC, créé en 1993 pour lutter contre la déforestation tropicale, impose des critères globaux stricts sur les plans écologique, social et économique. Le PEFC, fondé en 1999, s’adapte mieux aux spécificités locales, en particulier pour les petites exploitations forestières européennes, en adoptant une gestion décentralisée et flexible.
En complément de l’utilisation de fibres vierges, l’Europe se positionne comme un leader dans le recyclage du papier, avec un taux atteignant en moyenne 73,9 % selon des données de la Confédération européenne des industries du papier (CEPI). Ce fort taux de recyclage permet de réduire la dépendance aux matières premières tout en répondant aux objectifs environnementaux globaux.

Les nécessaires améliorations des filières papetières et de transformation-valorisation des déchets

Le WWF a publié en 2019 son 6ᵉ indice environnemental des entreprises papetières (EPCI), un outil volontaire visant à améliorer la transparence et la prise de conscience des impacts environnementaux des secteurs de la pâte, du papier et de l’emballage. Cet indice évalue les performances des entreprises en matière d’approvisionnement responsable, de production propre, de gestion environnementale et de reporting, contribuant ainsi aux engagements mondiaux pour éliminer la déforestation et respecter les objectifs de durabilité à l’horizon 2030.
L’évaluation montre que les entreprises participantes obtiennent en moyenne 70 % des points maximums, répartis entre 76 % pour l’approvisionnement en fibres responsables, 70 % pour la fabrication propre et 63 % pour les systèmes de gestion environnementale et la transparence des rapports. Cependant, une diminution des fibres certifiées FSC et des matériaux recyclés est constatée, ainsi qu’un besoin accru de transparence, reflété par le score le plus faible (63 %) en matière de reporting environnemental.
En France, l’Ademe précise dans son rapport Perspectives d’évolutions de la filière papiers-cartons en France un taux de recyclage des papiers graphiques de 69,5 % en 2020. Ce taux, bien que significatif, pourrait être amélioré. Toutefois, il rencontre « des obstacles liés à l’extension des consignes de tri, aux disparités des performances et des niveaux d’équipement des centres de tri, ainsi qu’à la dégradation de la qualité des intrants (films plastiques, souillures, etc.). » L’amélioration du tri pourrait à terme permettre d’accroître ces papiers recyclés dans la production de l’industrie papetière.
Incontestablement la bonne gestion des forets, le renforcement des certifications et l’amélioration du recyclage répondent aux défis environnementaux mondiaux et locaux. Elles constituent, pour l’imprimerie Vallée, une traçabilité précieuse pour assurer des pratiques responsables et minimiser son impact environnemental et celui de nos imprimés.
GSN